68^e cross Jean Joudiou : Discours au monument lors de la cérémonie à la mémoire de Jean Joudiou

Bonjour à toutes les personnes ici réunies en leurs grades et qualités. Qu’elles reçoivent en mon nom et en celui de l’USEP, mes plus sincères salutations et tous mes remerciements de leur présence. Je vais m’adresser ici aux enfants parce que, quoi qu’il arrive, c’est pour eux que nous sommes réunis ici ce jour.

Les enfants, vous êtes venus pour courir le cross départemental Jean Joudiou. Vous vous êtes préparés dans vos classes : vous avez fait de l’endurance. L’endurance, dit le dictionnaire, c’est la capacité de résister à la fatigue, aux souffrances. Vous allez aussi endurer cet après-midi : endurer la fatigue, endurer la pluie peut-être, endurer d’être essoufflé, endurer peut-être d’être bousculé au moment du départ, endurer de ne pas arriver le premier, endurer….. Pourquoi est-ce que nous, adultes, nous vous demandons d’endurer cet effort, cette fatigue, cette douleur quelquefois ?  Juste pour que vous soyez capables de vous dire : je suis allé-e au bout et je suis fier-e de moi. Même si vous ne gagnez pas la course – il n’y en aura qu’un, qu’une qui la gagnera – vous pouvez tous gagner ce droit d’être fier-e de vous en allant jusqu’au bout, en résistant à l’envie de lâcher qui pourra vous saisir.

Mais quel rapport entre votre course d’endurance, cette cérémonie et ce monument. L’Homme que vous voyez représenté ici, c’est celui qui a donné son nom à votre course : Jean Joudiou. Vous le voyez debout cet Homme, misérable mais debout. Vous le voyez endurer la misère, la douleur, la faim. Il endure et résiste. En son temps, il n’a pas voulu lâcher quelque chose de très précieux : la Liberté ! Il a voulu que cette Liberté existe pour tous : qu’elle aille pour tous avec Egalité et Fraternité. Alors il a résisté à la force, à la violence des racistes et des antisémites et il a dit NON, je ne lâche pas ! Il a aidé d’autres hommes, des femmes et des enfants et a essayé de les protéger des horreurs de la guerre. A cause de cela, il a été emprisonné, torturé et est mort. Mais il n’a pas cédé. Il est resté debout, il a résisté… il fait partie de ces hommes qu’on nomme avec respect les Résistants, ceux dont les noms sont gravés sur le monument ; ces Hommes qui se sont battus pour que tous les hommes, toutes les femmes et tous les enfants,  quels qu’ils soient, puissent vivre ensemble de façon harmonieuse.

Nous n’avons pas donné par hasard le nom d’un résistant de Chateauneuf/ Loire à notre cross départemental. Ce n’est pas seulement par respect pour cet Homme. C’est aussi pour vous proposer d’apprendre quelque chose au-delà de l’histoire de cet homme. Tout à l’heure, vous allez courir et endurer. Vous avez appris à le faire, appris à résister à la fatigue et à la dureté de l’exercice de la course d’endurance. Belle façon de vivre ce que signifie ce terme de résister. Résister à la fatigue qui pousse à s’arrêter, résister à la facilité qui démobilise de l’effort. C’est dur et pourtant vous allez le faire ! Vous allez résister. Evidemment que ce qu’on vous demande, ce n’est pas si difficile que ce qu’a vécu Jean Joudiou ! Heureusement ! Mais c’est tout simplement à votre mesure, à la mesure d’enfants qui vivent en temps de paix et c’est heureux ! Mais, nous adultes, nous pensons que vous devez aussi apprendre à résister à la fatigue, à l’envie de lâcher prise, à l’envie d’arrêter….

Vous avez choisi d’être là aujourd’hui. Vous avez choisi de venir courir même si c’est dur. Vous avez choisi, c’est cela être libre. Avoir le droit de choisir, même quelque chose de difficile.

Ce que nous, les adultes, nous avons envie de vous apprendre, ce sont ces 4 verbes : ENDURER, RESISTER, CHOISIR et ETRE LIBRE. Parce que vous avez choisi de faire ce cross, vous allez endurer la fatigue et résister à l’envie de vous arrêter ; parce que vous avez choisi, vous allez grandir, vous allez agir comme des êtres humains libres.

Etre libre, ce n’est pas faire ce qu’on veut, c’est faire ce qu’on a choisi.  Et en fonction de ce qu’on a choisi, endurer et résister si besoin.

Jean Joudiou a choisi, il y a 75 ans, de se battre pour les Droits de l’Homme. Il a enduré et résisté, il est mort en homme libre.

Quand vous serez sur la ligne de départ, tout à l’heure, que vous aurez un petit peu peur, un petit peu froid, un petit peu mal au ventre, redressez-vous comme Jean Joudiou sur cette statue et dites-vous que vous êtes libres de ne pas prendre le départ. Vous êtes lbres de choisir, endurer et résister.

Et nous, adultes, si nous rendons les enfants capables de se dire ça, nous les aurons conduits sur un bien beau chemin de vie : la ligne de départ de ce cross, si elle peut être, même un tout petit peu, la ligne de départ de leur conquête de la liberté. Rendre chaque enfant capable de comprendre ce que les mots « choisir » et  « résister » veulent dire, à leur niveau, dans une situation bien concrète, pour les amener à comprendre combien ce mot de « résistant » peut se  construire pour chacun, par l’effort,  l’endurance et l’engagement.

Endurer, résister, s’engager chacun pour que tous puissent voir resplendir l’étoile de la Liberté.

Véronique Bury, pour le comité départemental USEP